Google franchit une nouvelle étape dans la génération de vidéos par intelligence artificielle avec le déploiement progressif de Veo 2, son modèle vidéo de nouvelle génération, auprès des abonnés Gemini Advanced et Google One AI Premium. Annoncé initialement en décembre, Veo 2 ambitionne de rivaliser avec les solutions vidéo IA les plus avancées du marché, tout en s’intégrant directement dans l’écosystème Google.
Mais derrière les promesses techniques, l’expérience proposée au grand public reste très encadrée. Résolution limitée, durée très courte et accès payant soulèvent de nombreuses questions sur l’intérêt réel de cette technologie aujourd’hui.
Table des matières
Veo 2 : un modèle vidéo IA conçu pour comprendre le monde réel
Veo 2 est présenté par Google comme un modèle capable de mieux appréhender la physique du monde réel, les émotions humaines nuancées et la cinématographie. Contrairement aux premières générations de vidéo IA, l’objectif est ici de produire des séquences plus cohérentes visuellement et narrativement.
Parmi les capacités mises en avant :
- Gestion des angles de caméra (contre-plongée, gros plan, plan large)
- Simulation de profondeur de champ
- Meilleure continuité des mouvements
- Respect du style artistique demandé
Sur le papier, Veo 2 est capable de générer des vidéos en 4K sur plusieurs minutes. En pratique, cette version complète reste réservée à des usages internes ou professionnels très ciblés.
Ce que les abonnés Gemini Advanced peuvent réellement faire
Pour les utilisateurs de Gemini Advanced, la réalité est bien plus modeste. Veo 2 permet actuellement de générer :
- Des vidéos de 8 secondes maximum
- En 720p
- Avec un nombre mensuel de générations limité, sans quota public clairement affiché
Google indique simplement que l’utilisateur sera averti lorsqu’il approche de sa limite, ce qui pose un problème de transparence pour un outil facturé 20 € par mois.
L’intégration se fait directement dans l’interface de Gemini. Il suffit de sélectionner Veo 2 dans le menu des modèles, puis de formuler une invite orientée vidéo. Le fonctionnement reste similaire à une génération de texte ou d’image, mais avec des contraintes fortes liées à la durée.
Cette approche rappelle d’autres initiatives dans le domaine des vidéos générées par IA, un sujet déjà exploré sur YubiGeek dans ce dossier consacré à la détection des vidéos IA.
Whisk Animate : animer une image grâce à Veo 2
Les abonnés Google One AI Premium bénéficient d’un accès complémentaire via Whisk, le générateur de médias IA de Google. À l’occasion du lancement de Veo 2, Google introduit Whisk Animate, une fonctionnalité qui permet d’animer une image existante.
Le processus est simple :
- Générer une image avec Whisk (ou importer une image existante)
- Cliquer sur le bouton Animate
- Décrire le mouvement ou l’animation souhaitée
Veo 2 se charge alors de produire une courte animation basée sur l’image initiale.
Cette fonctionnalité rappelle certaines plateformes de génération vidéo IA déjà connues, comme celles présentées dans cet article sur les générateurs vidéo IA émergents, mais avec une intégration plus fluide dans l’écosystème Google.
Qualité réelle des résultats : promesses et limites
Les démonstrations officielles de Google montrent des résultats plutôt convaincants sur le respect des styles visuels. Une même scène, par exemple un homme mangeant une glace, peut être déclinée en art 3D, pixel art, illustration ou rendu réaliste, puis animée à partir d’une seule invite.
Cependant, les limites actuelles restent très visibles :
- Artefacts visuels fréquents
- Éléments qui se transforment involontairement
- Actions incomplètes ou incohérentes (gestes amorcés mais jamais terminés)
Ces défauts sont typiques des modèles de vidéo IA actuels et rappellent que la technologie est encore en phase d’itération. Pour des usages professionnels exigeants (publicité, storytelling, montage narratif), Veo 2 reste insuffisant dans cette version bridée.
À qui s’adresse réellement Veo 2 aujourd’hui ?
Dans son état actuel, Veo 2 s’adresse surtout :
- Aux créateurs curieux souhaitant expérimenter
- Aux designers cherchant à prototyper rapidement une idée visuelle
- Aux marketeurs en phase de concept ou de test créatif
Il est en revanche difficile d’y voir une solution de production vidéo viable à grande échelle. La combinaison d’une durée très courte, d’une résolution limitée et d’un accès payant freine fortement les usages concrets.
Pour les professionnels de l’animation ou les personnes souhaitant se former sérieusement au domaine, des approches plus traditionnelles restent aujourd’hui bien plus pertinentes, comme évoqué dans ce guide sur les formations en animation 3D.
Une technologie impressionnante, mais encore verrouillée
Veo 2 démontre clairement le savoir-faire de Google en matière d’intelligence artificielle générative, mais son déploiement actuel ressemble davantage à une vitrine technologique qu’à un outil réellement exploitable au quotidien.
Le choix de réserver la fonctionnalité derrière un abonnement à 20 € par mois, combiné à des limitations strictes, laisse penser que Google avance prudemment, probablement pour contrôler les coûts de calcul et observer les usages réels.
À terme, si ces barrières tombent et que la qualité progresse, Veo 2 pourrait devenir un acteur majeur du marché. Pour l’instant, il s’agit surtout d’un aperçu de ce que pourrait être la vidéo IA grand public dans les années à venir.
Conclusion
Avec Veo 2, Google confirme son ambition de s’imposer sur le terrain de la vidéo générée par IA, aux côtés des images et du texte. L’intégration dans Gemini Advanced et Whisk est techniquement réussie, mais les restrictions actuelles limitent fortement l’intérêt pratique.
Pour les abonnés, Veo 2 est avant tout un outil d’expérimentation, fascinant mais encore imparfait. La vraie révolution viendra lorsque ces modèles seront capables de produire des vidéos plus longues, plus stables et réellement exploitables, sans être enfermées derrière des quotas opaques.
