white Xbox controller

Le futur des consoles : Microsoft prépare un OS dédié aux consoles portables en marque blanche

Avatar de Maxence
Microsoft prépare un système d’exploitation dédié aux consoles portables, prêt à révolutionner le marché du jeu grâce à une approche en marque blanche.

Le marché des consoles de jeu est en pleine mutation. Alors que les consoles traditionnelles de salon poursuivent leur cycle de vie, une nouvelle vague s’impose : celle des consoles portables et des plateformes dématérialisées. Microsoft, le géant derrière la gamme Xbox, semble vouloir prendre les devants en imaginant un système d’exploitation (OS) dédié aux consoles portables et même aux téléviseurs, le tout en marque blanche.

En d’autres termes, Microsoft développerait l’OS et l’écosystème, puis laisserait d’autres fabricants (comme Asus, Lenovo ou Samsung) commercialiser sous leur propre marque du matériel compatible. Selon des informations internes glanées chez Microsoft, cette stratégie d’OS unifié marquerait un tournant pour la firme de Redmond dans le futur des consoles de jeux vidéo.

Siège social de Microsoft à Paris
Siège social de Microsoft à Paris en France

Microsoft se tourne vers les consoles portables nouvelle génération

L’engouement pour le jeu portable a pris de l’ampleur ces dernières années, popularisé par le succès de la Nintendo Switch et l’arrivée de PC portables de jeu comme le Steam Deck de Valve. Microsoft n’est pas resté indifférent à cette tendance. Phil Spencer, le PDG de Microsoft Gaming, a confirmé que ses équipes s’intéressent de près aux consoles portables dédiées et expérimentent même différents prototypes en interne – tout en précisant qu’un modèle Xbox propre à Microsoft n’arriverait pas dans l’immédiat, évoquant un horizon de quelques années. En clair, Microsoft reconnaît l’importance du segment portable, mais n’a pas lancé (pour l’instant) de console portable Xbox à part entière, contrairement à Nintendo ou aux rumeurs sur Sony.

black and red nintendo switch
Ancienne Nintendo Switch (première version)

Toutefois, des fuites internes rapportées par des médias spécialisés indiquent que Microsoft avait bien un projet de console portable en développement, avec un nom de code en interne. Ce projet de handheld Xbox aurait récemment été mis en veille par la direction. D’après un rapport exclusif de Windows Central, Microsoft a suspendu son initiative de console portable first-party pour réaffecter ses ressources vers un autre objectif : améliorer Windows 11 pour les appareils de jeu portables de partenaires tiers. Autrement dit, au lieu de sortir sa propre « Xbox portable » tout de suite, Microsoft concentre ses efforts sur le logiciel et la collaboration avec des constructeurs qui ont déjà des consoles portables sur le marché.

Un projet interne en pause au profit des partenaires

La décision de mettre en pause la console portable 100 % Microsoft s’est prise dans un contexte stratégique. Selon Windows Central, les ambitions de Microsoft dans le domaine des portables restent intactes, mais l’accent est désormais mis sur les appareils tiers. « Les ambitions de Microsoft pour une console portable Xbox perdurent, mais le focus s’est déplacé vers l’amélioration de Windows 11 pour les consoles portables tierces – du moins pour l’instant ». Concrètement, la société travaille main dans la main avec des fabricants comme Asus sur des projets de consoles portables compatibles Xbox. Un exemple emblématique est le partenariat nommé Project “Kennan” : il s’agit d’une console portable co-développée avec Asus, dont la sortie est visée pour la fin de l’année 2025. Le matériel de cet appareil serait « essentiellement finalisé » et Microsoft contribuerait surtout côté logiciel pour y offrir la meilleure expérience Xbox possible.

Pourquoi ce revirement de stratégie ? Plusieurs analystes estiment que Microsoft a réagi à la menace grandissante de SteamOS et de l’écosystème Steam Deck de Valve. En effet, Valve propose avec SteamOS un OS optimisé pour le jeu portable, basé sur Linux, qui équipe son Steam Deck et peut être installé sur d’autres machines. Des tests ont montré que SteamOS pouvait offrir de meilleures performances et une meilleure autonomie que Windows 11 sur des appareils identiques, même sur des modèles comme la Lenovo Legion Go ou l’Asus ROG Ally. Le revers de la médaille de SteamOS est l’absence de certains services Microsoft (pas de support natif du Xbox Game Pass, par exemple), mais de nombreux joueurs s’en accommodent en échange d’un gain de fluidité. Face à cet engouement, Microsoft aurait pris conscience qu’il ne pouvait rester les bras croisés : « Le succès de SteamOS sur les consoles portables Windows a sans doute allumé un feu sous les pieds de Microsoft » commente un observateur. Ainsi, améliorer Windows 11 pour le jeu nomade est devenu prioritaire pour ne pas se laisser distancer.

Microsoft a donc redéployé ses équipes pour travailler sur l’optimisation de Windows 11 sur ces nouvelles machines. Officiellement, aucune annulation définitive n’a été prononcée concernant un éventuel modèle portable Xbox made in Microsoft – il s’agit plutôt d’un report. L’objectif est qu’à terme, une véritable console portable Xbox puisse voir le jour, mais seulement une fois que l’environnement logiciel (Windows/Xbox) sera suffisamment performant sur les appareils mobiles. En attendant, Microsoft investit pour ne pas rater le coche du portable, tout en garantissant que son écosystème Xbox continue à s’étoffer en contenu (jeux et services) sur l’ensemble de ses supports.

SteamOS, un électrochoc pour Windows 11 Gaming

Le rôle de SteamOS dans ce réalignement stratégique mérite d’être souligné. Valve, avec son Steam Deck lancé en 2022, a démontré qu’un OS pensé dès le départ pour le jeu vidéo nomade pouvait apporter une expérience utilisateur supérieure sur du matériel équivalent. SteamOS offre une interface console épurée et une efficacité technique qui se traduit par des gains tangibles : tests à l’appui, un ROG Ally ou un Lenovo Legion Go sous SteamOS bénéficie d’une meilleure autonomie de batterie et de performances plus stables que sous Windows 11. Pour les joueurs attachés à l’environnement Steam, c’est un argument de poids – quitte à sacrifier l’accès aux titres du Microsoft Store ou du Game Pass, non compatibles nativement avec SteamOS.

A close up of a cell phone on a table
Steam Deck par Valve.

Cette situation a placé Microsoft dans une position inconfortable. Windows 11 est le système d’exploitation grand public le plus répandu, mais n’a pas été conçu au départ pour des consoles portables. Sur ce type d’appareils, l’OS de Microsoft souffre de sa lourdeur : interface pas toujours adaptée au petit écran tactile, processus d’arrière-plan consommateurs de ressources, etc. « Soyons francs, Windows offre une expérience décevante sur les consoles portables », admet Jason Ronald, un des responsables de l’équipe Xbox. La prise en charge matérielle incomplète (veille, gestion de l’alimentation…) et la nécessité de jongler avec un bureau Windows classique sont autant de frictions pour l’utilisateur nomade. Voyant une partie de sa communauté gamer tentée d’aller vers Linux/SteamOS, Microsoft a réalisé qu’il lui fallait agir vite.

D’où la nouvelle feuille de route : rapprocher l’expérience Windows de l’expérience console. Plutôt que de développer un OS ex nihilo à partir de zéro, Microsoft préfère capitaliser sur Windows 11 en y intégrant le savoir-faire Xbox. « Nous voulons apporter le meilleur de la console Xbox dans l’écosystème Windows » résume Jason Ronald, chargé des « nouvelles générations » chez Xbox. Concrètement, cela signifie rendre Windows beaucoup plus “console-friendly”, avec une interface simplifiée centrée sur les jeux, le support natif des manettes, et l’élimination des éléments perturbateurs hérités du PC (barre des tâches, pop-ups, etc.). Microsoft a déjà commencé ce chantier en 2023-2024 avec des modes d’affichage compact pour l’appli Xbox sur Windows et l’amélioration du Game Bar, mais Ronald concède qu’il s’agissait de « mettre du rouge à lèvres sur un cochon » – autrement dit, des rustines temporaires. Il promet des changements plus profonds à partir de 2025. L’idée n’est pas forcément de transposer tel quel l’OS Xbox des consoles Series X|S sur PC, mais bien de converger : utiliser l’infrastructure Windows tout en y greffant l’ADN console pour aboutir à un OS hybride, optimisé pour le jeu sur n’importe quel appareil.

Vers un OS Xbox en marque blanche ?

L’aspect le plus novateur de l’approche de Microsoft réside dans la notion de marque blanche. Traditionnellement, chaque fabricant de console garde un écosystème fermé : son hardware, son OS, ses services. Microsoft semble prêt à bousculer ce modèle en ouvrant son écosystème Xbox à d’autres constructeurs. Plus précisément, des sources internes citées par Windows Central en décembre 2024 indiquent que Microsoft envisage de laisser des tierces parties fabriquer des appareils estampillés Xbox, allant jusqu’à leur permettre d’utiliser directement le système d’exploitation Xbox sur ces machines. Dit autrement, Xbox deviendrait une plateforme logicielle qu’on pourrait retrouver sur du matériel d’autres marques.

Imaginez par exemple une console portable vendue par Asus ou Lenovo, mais dont le logiciel interne serait signé Microsoft et proposerait l’expérience Xbox complète. Ce dispositif, bien qu’étant fabriqué par Asus/Lenovo, serait en réalité une Xbox du point de vue de l’utilisateur : même interface, même catalogue de jeux et même services en ligne que sur une Xbox Series X|S. C’est exactement ce à quoi songe Microsoft. Une source bien informée décrit un scénario où un modèle « Xbox » fabriqué par Asus donnerait accès à toute la ludothèque et aux services Xbox, comme n’importe quelle console de la marque.

Cette stratégie d’OS en marque blanche rappelle ce qui se fait dans d’autres secteurs : par exemple, Google propose son Android TV à des fabricants de téléviseurs qui peuvent le personnaliser, ou Valve qui rend SteamOS disponible à d’autres constructeurs de consoles portables. Pour Microsoft, l’enjeu est de démultiplier la présence de Xbox au-delà de ses propres appareils. Le vice-président de Xbox, Sarah Bond, a d’ailleurs martelé cette vision lors d’une présentation : « This is an Xbox » a-t-elle proclamé en dévoilant un nouveau modèle portable réalisé avec Asus. Le message est clair – peu importe qui assemble l’appareil, si c’est l’OS Xbox qui l’anime, cela compte comme une Xbox à part entière dans l’écosystème. Microsoft ne voudrait plus vendre uniquement des consoles, il veut vendre du Xbox, c’est-à-dire une expérience unifiée disponible sur un maximum de dispositifs.

Phil Spencer lui-même a laissé entendre que l’avenir de Xbox se conçoit davantage comme un écosystème que comme une simple console. « Xbox n’est plus seulement une console, c’est une plateforme » analyse le site PC Gamer en évoquant cette évolution, soulignant que Xbox devient de plus en plus comme le PC, et Windows de plus en plus comme Xbox. D’ailleurs, technologiquement parlant, le système d’exploitation Xbox des consoles est déjà construit sur une base Windows. Microsoft ne part pas de zéro : il s’agit finalement d’adapter et d’exporter cette base commune à d’autres formats.

L’exemple concret : la ROG Ally version Xbox

Ce qui n’était encore qu’une hypothèse il y a quelques mois commence déjà à se matérialiser. En juin 2025, Microsoft a profité de son événement Xbox Games Showcase pour annoncer, en partenariat avec Asus, les premières consoles portables “Xbox” produites par un tiers. Il s’agit des modèles ROG Ally Xbox (et sa variante haut de gamme Ally X), basés sur la console PC portable ROG Ally d’Asus mais profondément intégrés à l’univers Xbox. C’est la concrétisation du projet “Kennan” précédemment évoqué.

Ces appareils arborent le co-branding Xbox-Asus : design mélangeant l’ergonomie des manettes Xbox (gâchettes à retour haptique, poignées prononcées, bouton Xbox dédié) et le savoir-faire d’Asus en matière de hardware portable. Surtout, logiciellement, ils démarrent directement sur une interface Xbox – une sorte de tableau de bord console – tandis que Windows 11 tourne en arrière-plan pour la compatibilité logicielle. En pratique, l’utilisateur allume la machine et se retrouve dans l’environnement Xbox familier, sans passer par le bureau Windows classique. Microsoft décrit cela comme « le meilleur des deux mondes » : la flexibilité de Windows (compatibilité avec des jeux PC divers, mods, lanceurs tiers) combinée à l’aspect plug-and-play d’une console Xbox. Le Game Pass PC, le Microsoft Store, le cloud gaming – tout l’écosystème Xbox – sont évidemment mis en avant sur ces ROG Ally édition Xbox. Et si le joueur le souhaite, il peut aussi accéder à Steam, Epic Games Store ou autres, puisque sous le capot cela reste un Windows 11 complet.

Cette alliance Asus-Microsoft marque une première mondiale : pour la première fois, une console portable Xbox est commercialisée sans être fabriquée par Microsoft. Cela confirme la volonté de la firme de Redmond d’embrasser le concept de marque blanche. Officiellement, les ROG Ally Xbox sont bien des Xbox – Sarah Bond les a présentées comme faisant partie intégrante de la famille Xbox – et pourtant ce sont Asus qui les produit et les vend. Les deux modèles intègrent d’ailleurs les dernières puces d’AMD co-développées pour les besoins de Microsoft, signe que l’effort porte autant sur le software que le hardware en partenariat. L’avenir nous dira si d’autres constructeurs rejoindront le mouvement (on évoque Lenovo, HP, voire des marques moins conventionnelles dans le gaming), mais Microsoft semble disposé à ouvrir son label Xbox plus largement.

L’expérience Xbox s’invite sur tous les écrans, y compris la télévision

Au-delà des seules consoles portables, Microsoft poursuit une vision encore plus globale : étendre l’expérience Xbox à tous les écrans du quotidien, y compris les téléviseurs. Là encore, le but est d’abaisser les barrières matérielles et d’offrir les services Xbox sans nécessiter obligatoirement l’achat d’une console de salon traditionnelle. Cette stratégie s’est illustrée dès 2022, lorsque Microsoft a lancé l’application Xbox sur les Smart TV Samsung 2022. Grâce à un partenariat avec Samsung, les possesseurs de certaines TV connectées ont pu, dès l’été 2022, accéder à l’application Xbox intégrée et jouer en cloud à des centaines de jeux Xbox Game Pass, sans console ni PC connecté. Il suffit d’une manette Bluetooth et d’un abonnement Xbox Game Pass Ultimate pour transformer le téléviseur en véritable écran de jeu sur le cloud. L’interface de cette appli TV reproduit d’ailleurs celle d’une console Xbox classique, si ce n’est qu’elle ne propose que les jeux disponibles en streaming (1080p/60fps). En un sens, le téléviseur équipé de l’app Xbox devient une Xbox pour l’utilisateur, à la différence près que toute la puissance de calcul est assurée par les serveurs distants de Microsoft.

Cette démarche a depuis été étendue : en 2023-2024, l’application Xbox Cloud Gaming s’est ouverte à d’autres écosystèmes TV (certaines Smart TV LG via webOS, les appareils Chromecast Google TV, et plus récemment les Fire TV d’Amazon). Microsoft explore aussi du côté du hardware minimaliste. Un projet interne, nom de code Hobart, visait à concevoir un dongle HDMI de jeu en streaming – une sorte de mini console cloud à brancher sur n’importe quel écran. Ce mini-terminal, pensé comme un adaptateur TV bon marché pour Xbox Game Pass, a finalement été annulé en 2022 pour des raisons de coûts et de repositionnement. Néanmoins, le fait même que Microsoft l’ait envisagé témoigne de sa volonté de faire sauter le verrou de la console physique. Si ce n’est via un stick dédié, ce sera via les apps sur Smart TV déjà en place.

En intégrant son écosystème aux téléviseurs, Microsoft pose une brique de plus vers un OS Xbox omniprésent. On peut imaginer qu’à terme, l’OS dédié dont il est question pourrait équiper directement certaines TV en natif (tout comme Google propose Android TV à des constructeurs). Ainsi, acheter une TV “Xbox Inside” permettrait de jouer en cloud ou en local (si la TV est assez puissante ou couplée à du hardware) dès l’allumage, sans box additionnelle. On n’en est pas encore là, mais les bases techniques existent – la manette Xbox reconnue en natif, l’appui sur le cloud, et une interface unifiée. Microsoft a clairement l’ambition de faire d’Xbox une expérience multi-supports, s’insérant dans notre salon via les écrans que l’on possède déjà. « Notre but est de rendre Windows excellent pour le gaming sur n’importe quel appareil » résume Jason Ronald, soulignant que l’infrastructure Xbox développée sur console peut être transposée plus largement. La frontière entre console et Smart TV devient de plus en plus ténue.

Une plateforme unifiée, du salon à la poche

L’ensemble de ces initiatives – consoles portables partenaires, applications TV, convergence Windows/Xbox – révèle une stratégie cohérente : Xbox se mue en plateforme transversale. Microsoft mise sur un avenir où ce ne sont plus les ventes de boîtes en plastique sous la télé qui définissent le succès d’une plateforme, mais la capacité à toucher les joueurs partout où ils se trouvent. Le jeu en nuage (cloud gaming) est un des piliers de cette vision, tout comme la possibilité d’acheter un appareil tiers et d’y retrouver immédiatement son univers Xbox.

Pour les joueurs, cela offre une flexibilité inédite. On peut débuter une partie sur la télévision du salon via le cloud, la continuer dans le métro sur une console portable Asus sous OS Xbox, puis finir sur un PC gamer classique – le tout en restant dans l’écosystème Xbox (sauvegardes synchronisées via le cloud, cross-play, etc.). Microsoft pousse par exemple l’initiative Xbox Play Anywhere depuis quelques années, qui permet d’acheter un jeu une seule fois et d’en profiter sur console ou PC indifféremment. Avec un OS unifié, ce concept pourrait s’étendre aux portables et TV : jouez n’importe où, sur n’importe quel écran, c’est toujours votre Xbox.

Naturellement, cette approche n’est pas sans poser quelques défis. D’abord, Microsoft doit convaincre les développeurs et partenaires. Si plusieurs fabricants sortent chacun leur console Xbox en marque blanche, comment s’assurer que toutes offrent un niveau de performance suffisant pour faire tourner les mêmes jeux ? Faudra-t-il un label « Compatible Xbox » avec des critères techniques stricts ? « À quoi ressemblera le processus de certification ? Y aura-t-il un spec minimum requis pour garantir que tous les jeux tournent correctement ? » – ces questions devront être tranchées. On peut imaginer que Microsoft établira un cahier des charges (puissance CPU/GPU, taille de la RAM, etc.) en échange du droit d’utiliser l’OS Xbox.

Ensuite, le modèle économique est à inventorier. Les consoles vendues directement par Microsoft (Xbox Series X|S) le sont souvent à marges réduites, le géant se rattrapant sur les abonnements (Game Pass) et la vente de jeux. Pour un fabricant tiers comme Asus, sortir une « Xbox portable » implique de trouver sa rentabilité sur le hardware, sans bénéficier en direct des revenus des jeux. Cela pourrait se traduire par des prix plus élevés pour le consommateur par rapport aux consoles subventionnées par Microsoft. Microsoft devra peut-être consentir à des accords de partage de revenus ou de licence avantageux pour attirer les OEM dans son giron Xbox.

Du côté des joueurs, l’accueil sera déterminant. L’écosystème Xbox a beau s’élargir, il reste en concurrence frontale avec d’autres offres. Sony conserve une approche plus traditionnelle (sa PlayStation 5 domine les ventes de consoles de salon, et son incursion portable avec le Project Q – renommé PlayStation Portal – n’est qu’un accessoire de streaming local, loin d’une console autonome). Nintendo de son côté cartonne avec sa Switch et prépare une Switch 2 sur le même modèle, mariant hardware propriétaire et OS propriétaire. Microsoft prend un pari différent, plus proche de l’univers PC : ouvert et multiplateforme. Cela pourrait lui permettre de sortir du cycle des “guerres de consoles” en contournant le duel frontal – si Xbox est partout, la notion même de choisir une console X ou Y pourrait perdre de son sens. En contrepartie, Microsoft doit réussir à offrir une expérience aussi fluide et optimisée qu’une console dédiée, sans quoi les joueurs risquent de préférer le confort d’un écosystème fermé bien maîtrisé (la puissance de Sony et Nintendo est là).

Conclusion : la console de demain, un simple logiciel ?

Le projet de Microsoft de lancer un OS dédié aux consoles portables et autres appareils pourrait redéfinir le paysage vidéoludique des prochaines années. En misant sur la marque blanche, la convergence Windows/Xbox et la diffusion du cloud gaming, Microsoft fait le pari d’un futur où la console n’est plus un objet unique, mais un ensemble d’expériences unifiées. On voit déjà poindre les premiers résultats concrets avec l’Asus ROG Ally Xbox, véritable hybride entre PC et console portable, et l’intégration d’Xbox aux téléviseurs connectés.

Bien entendu, tout n’est pas joué. Microsoft devra prouver que son OS Xbox saura s’adapter à une multitude d’appareils sans perdre en qualité, et que cette ouverture profitera autant aux joueurs qu’aux partenaires. Si l’entreprise réussit, elle pourrait prendre une longueur d’avance décisive en s’installant partout où l’on joue : du plus grand écran du salon au plus petit écran portable. Dans le cas contraire, elle aura au moins contribué à faire évoluer la notion même de console. Le futur des consoles est peut-être là, sous nos yeux : un futur où le jeu nous suit partout, libéré des carcans matériels, et où le logo Xbox garantit une expérience cohérente quel que soit l’appareil. Microsoft semble prêt à franchir ce cap, en transformant son Xbox en plateforme universelle – et cela « pour ne pas se faire distancer avant l’arrivée des prochaines PlayStation, Switch 2 et consorts ». Seul l’avenir dira si cette vision audacieuse concrétisera la promesse d’un jeu sans frontières ni barrières… mais l’industrie retient son souffle, car c’est peut-être la fin de la console telle que nous la connaissons qui se joue ici.

Previous Post
Authy : meilleure solution de double authentification
Avatar de Maxence

Authy : pourquoi c’est la meilleure solution de double authentification en 2025 ?

Next Post
cars on road
Avatar de Maxence

Smart cities : comment les villes intelligentes utilisent l’IoT pour devenir durables

Related Posts