ByteDance est aujourd’hui l’un des noms les plus cités dans les discussions sur la technologie, les réseaux sociaux et la sécurité numérique. Connue avant tout comme la maison mère de TikTok, l’entreprise chinoise possède et exploite de nombreuses autres applications. Certaines d’entre elles sont très populaires, d’autres plus discrètes, mais toutes ont été affectées par l’interdiction imposée aux États-Unis. Cette situation a soulevé des questions cruciales : quelles applications ByteDance opéraient réellement aux États-Unis, quelles étaient leurs spécificités et surtout, quel avenir peuvent-elles espérer ?
Dans cet article, nous allons explorer en détail toutes les applications ByteDance présentes aux États-Unis, leur rôle, leur évolution, ainsi que les impacts directs de la législation américaine sur leur disponibilité et leur utilisation.
Table des matières
ByteDance et la controverse aux États-Unis
ByteDance, fondée en 2012 à Pékin, est rapidement devenue l’un des géants mondiaux du numérique grâce à une stratégie agressive d’innovation et d’acquisitions. TikTok, son produit phare, a bouleversé le paysage des réseaux sociaux en introduisant un format court, addictif et centré sur l’algorithme. Mais ce succès a attiré la méfiance des autorités américaines.
En 2025, une loi a interdit TikTok et toutes les applications affiliées à ByteDance sur le territoire américain. L’argument principal invoqué par le gouvernement était lié à la sécurité nationale : les applications ByteDance, en raison de leur siège en Chine, pourraient être soumises à des demandes d’accès aux données des utilisateurs par le gouvernement chinois. Cela a conduit à une suppression massive des applications ByteDance des magasins numériques américains.
TikTok : le cœur de ByteDance
Impossible de parler de ByteDance sans évoquer TikTok. L’application est née après le rachat de Musical.ly en 2017 pour près d’un milliard de dollars. Initialement conçue pour partager de courtes vidéos de synchronisation labiale, Musical.ly s’est transformée sous la bannière ByteDance en TikTok, un phénomène mondial.
Aux États-Unis, TikTok comptait près de 170 millions d’utilisateurs actifs avant son interdiction. Malgré la suppression de l’application des magasins officiels, ceux qui l’avaient déjà installée pouvaient continuer à l’utiliser. TikTok reste donc au cœur du débat sur l’équilibre entre innovation technologique et souveraineté nationale.
TikTok Lite : une version allégée
Pour répondre aux besoins des utilisateurs disposant de téléphones moins puissants ou de connexions limitées, ByteDance a lancé TikTok Lite. Cette version plus légère proposait les principales fonctionnalités de TikTok, mais avec une interface simplifiée.
Bien que son adoption ait été beaucoup plus faible que celle de TikTok, TikTok Lite représentait une alternative utile. Cependant, comme l’application principale, elle a été retirée du Play Store américain, réduisant considérablement son accès.
TikTok Studio et TikTok Shop Vender Center
ByteDance a toujours cherché à renforcer son écosystème autour de TikTok. C’est ainsi que sont apparues deux applications complémentaires :
- TikTok Studio : destinée aux créateurs, elle permettait de gérer leurs publications, d’optimiser leur contenu et de suivre leurs performances.
- TikTok Shop Vender Center : une application pensée pour les vendeurs, afin de gérer leurs boutiques numériques intégrées dans TikTok Shop.
Ces applications n’étaient pas destinées au grand public mais jouaient un rôle central dans la monétisation et la professionnalisation de TikTok. Elles ont, elles aussi, disparu des plateformes de téléchargement américaines.
CapCut : l’éditeur vidéo incontournable
L’une des plus grandes réussites de ByteDance en dehors de TikTok est sans conteste CapCut. Cet éditeur vidéo gratuit est devenu la référence pour des millions de créateurs grâce à son interface simple et ses fonctionnalités avancées : montage, ajout d’effets, utilisation de modèles, intégration musicale, et même des outils basés sur l’intelligence artificielle.
CapCut a dépassé le milliard de téléchargements à l’échelle mondiale, avec une forte adoption aux États-Unis. Son succès est en grande partie lié à TikTok : les deux applications formaient un écosystème fluide où l’édition et la publication de vidéos se faisaient sans friction. Mais avec l’interdiction, CapCut a également été retirée des stores américains.
Hypic : la retouche photo version ByteDance
Moins connue que CapCut, Hypic est une application de retouche photo développée par ByteDance. Elle propose des outils classiques comme les filtres et les découpes, mais aussi des fonctionnalités boostées par l’IA : suppression d’arrière-plan, maquillage numérique, autocollants et modèles visuels.
Avec plus de 10 millions de téléchargements, Hypic représentait une alternative intéressante à d’autres applications de retouche populaires. Cependant, elle n’a pas échappé à l’interdiction américaine.
ByteDance ne s’est pas limitée à TikTok. Avec Lemon8, l’entreprise a tenté de concurrencer Instagram et Pinterest en combinant partage de vidéos, photos et carrousels. L’application proposait une expérience immersive orientée lifestyle et tendances, séduisant une partie de la jeunesse américaine.
Toutefois, l’interdiction a frappé Lemon8 de plein fouet, rendant incertain son avenir aux États-Unis.
Marvel Snap : un cas particulier
Un cas intéressant est celui de Marvel Snap, un jeu de cartes mobile basé sur l’univers Marvel. Développé par Nuverse, une filiale de ByteDance, le jeu avait été retiré après l’interdiction. Mais en janvier 2025, Marvel Snap est revenu sur les stores américains.
La raison : les développeurs ont transféré la gestion opérationnelle et la publication du jeu à un éditeur américain, Skytone Games. Marvel Snap reste donc aujourd’hui la seule application affiliée à ByteDance revenue officiellement aux États-Unis.
Earth of Empires : le jeu de stratégie de Nuverse
Toujours via sa filiale Nuverse, ByteDance a lancé Earth of Empires, un jeu de stratégie où les joueurs bâtissent et défendent leurs territoires contre des armées démoniaques. Malgré plus d’un million de téléchargements, le jeu n’a pas réussi à retrouver sa place dans les stores américains après l’interdiction.
Lark : la suite collaborative
ByteDance ne se limite pas aux applications de divertissement. Avec Lark, l’entreprise proposait une suite collaborative professionnelle, concurrente de Slack ou Microsoft Teams. Lark regroupait messagerie, appels vidéo et partage de documents.
Peu connue du grand public, cette application était surtout utilisée en entreprise. Elle a également été supprimée, renforçant l’impact de l’interdiction sur le volet business de ByteDance.
Tokopedia : l’e-commerce made in ByteDance
Enfin, ByteDance possédait Tokopedia, une plateforme d’e-commerce originaire d’Indonésie mais accessible aux utilisateurs américains. Tokopedia Start, une déclinaison destinée à un usage plus spécifique, existait également. Ces services faisaient partie de la stratégie de diversification de ByteDance, mais n’ont pas échappé à la vague d’interdictions.
Quel avenir pour ByteDance aux États-Unis ?
La situation actuelle laisse entrevoir plusieurs scénarios possibles :
- Un retour progressif, à l’image de Marvel Snap, si certaines applications parviennent à s’affranchir de la gestion directe de ByteDance.
- Une réorganisation stratégique, où ByteDance pourrait créer de nouvelles structures basées aux États-Unis pour rassurer les autorités.
- Un retrait durable, qui limiterait la présence de ByteDance sur le marché américain.
Conclusion
ByteDance, à travers TikTok et bien d’autres applications, a profondément marqué le paysage numérique américain. Mais l’interdiction de 2025 a bouleversé cet écosystème, révélant à quel point la dépendance des créateurs et des utilisateurs à ces outils était grande.
Aujourd’hui, seule une poignée d’applications comme Marvel Snap ont réussi à revenir aux États-Unis. L’avenir de ByteDance dans ce pays dépendra de sa capacité à répondre aux préoccupations politiques et sécuritaires. Une chose est sûre : l’histoire de ByteDance et des États-Unis est loin d’être terminée.
