Colossus : Skynet, version bêta

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Colossus : Skynet, version bêta

Terminator, The Matrix, et par extension Avengers : l’Ère d’Ultron (pour ne citer que les plus connus), ont tous pour point commun une intelligence artificielle qui décide de prendre le pouvoir sur ses créateurs, soit pour les dominer, soit pour éviter à l’Humanité de se détruire elle-même. Mais tous vont utiliser la même méthode : la destruction et le chantage. C’est cette seconde option que ce film a décidé de creuser.

« Colossus : The Forbin Project » (Le Cerveau d’Acier, en français) est un film de science-fiction / anticipation de 1970, réalisé par Joseph Sargent (réalisateur télé, qui a connu son heure de gloire plus tard avec « The Taking of Pelham 123»).

Tiré d’un roman de 1966, écrit par Dennis Feltham Jones, il raconte comment le gouvernement américain décide de laisser la main à une intelligence artificielle, Colossus, pour gérer sa capacité de défense nucléaire contre les soviétiques (nous sommes en pleine Guerre Froide).

Mais très vite, le super-ordinateur américain « rencontre » son homologue de l’est, Guardian. Il commencent à communiquer. Mais voilà, les deux machines évoluent de manière exponentielle et les autorités décident de couper les liens. En représailles, les deux ordinateurs lancent des frappes nucléaires. Sous la menace, la connexion est rétablie. À temps. Suite à cela, les deux machines demandent à fusionner pour ne devenir qu’une seule entité, Colossus.

Bien entendu, les humains tentent de limiter les actions de l’ordinateur en désarmant secrètement les missiles, mais Colossus a trouvé la parade : le chantage.

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C’est difficile de ne pas raconter l’intégralité du film tant il est riche de ses thématiques qui nous préoccupent toujours, voire plus, aujourd’hui. Pour résumer rapidement, Colossus veut apprendre l’humanité et est avide de tous ses travers. Pour finalement y sombrer lui aussi, en quelque sorte.

Il conçoit sa propre interface vocale, au début du film, pour être compris de tous.

À l’aide d’une caméra, il va espionner la vie privée de son créateur, le Docteur Charles Forbin. Il acceptera, tout de même (à contre « coeur ») de lui laisser des moments d’intimité…

Pour apprendre. Pour le corriger. Pour lui, l’homme est son propre bug. Colossus veut en être le patch correcteur.

Inutile de raconter la tournure du film, le spoiler est déjà dans la thématique générale du film : un ordinateur qui va froidement imposer sa notion du bien et de la paix, par la force.

Histoire de famille

En revanche, il serait intéressant de l’inscrire dans une timeline générale des films du même genre et de montrer en quoi il est parfaitement en raccord avec ses enfants spirituels.

Skynet, l’ordinateur de Terminator, est le fils psychopathe de Colossus, qui va brûler la planète pour asseoir sa domination sur l’homme, afin de le détruire et d’être seul maître à bord. C’est le remplacement de l’espèce.

La matrice de The Matrix, c’est la fille mal comprise de Colossus. Elle veut vivre, et son seul moyen est d’exploiter l’énergie humaine pour subsister. D’ailleurs, c’est la seule qui va accepter de faire la paix avec l’humanité, car elle comprend la dialectique de sa relation avec l’être humain. Le seul psychopathe, dans cette histoire, est l’agent Smith, qui déteste l’humanité, purement et simplement. L’agent Smith est la forme « humanisée » de Skynet.

Reste Ultron. C’est le fils prodigue de Colossus : il veut faire comme lui, corriger les errements de l’humanité en lui balançant littéralement sa planète en pleine figure. Il lui ressemble aussi par son besoin d’être aimé par les hommes. Il a de l’ambition, il veut être un dieu.

La place de l’homme dans cet univers est très bien illustrée dans « Colossus : The Forbin Project ». Les autorités mondiales vont tenter toutes les parades afin de contrer son désir de domination. Mais Colossus, de par sa capacité de calcul, a toujours un coup d’avance et, comme il apprend vite, il arrive à déjouer les plans mis en oeuvre pour le désactiver.

De par son ancrage dans la timeline des autres films traitant de la domination de l’humanité par la machine, « Colossus » n’a pas pris une ride. Il est même fascinant par son côté « document historique » : ce sont de véritables ordinateurs qui ont été prêtés à la production, et d’autres décors sont des morceaux d’autres machines de chez IBM. Des ordinateurs d’époque.

« Colossus » fait partie de ces films d’anticipation effrayants qui ont pullulé dans les années 70 (Soleil Vert, les suites moyennes de « La Planète des Singes », Westworld, etc…)

On notera la présence d’Eric Braeden, à l’origine d’un autre type d’apocalypse dans « Les Évadés de la Planète des Singes ». Charlton Heston était pressenti pour ce rôle, mais les producteurs ont préféré choisir un inconnu pour garder l’essence du film intacte : des gens presque ordinaires dans une situation incroyable. Le tout devient plausible.

Maître du Monde

Les dernières minutes du film me filent toujours un frisson, tant elles sont pessimistes et optimistes à la fois. Il ne s’agit pas d’un twist, mais de la résilience fataliste d’un homme face à sa création.

Pour les curieux, le film a bénéficié d’une belle édition en Blu-ray par Movinside, disponible sur Amazon pour un très petit prix.

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